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Cathédrale Saint-John The Divine, Chrysler Building, Elmendorf Reformed Church, Harlem, Messe Gospel, New-York
Je n’aurais jamais pu quitter New York sans assister à une Messe Gospel. Le problème c’est tous les visiteurs de la Grosse Pomme ont la même lubie et que beaucoup de messes se transforment en attraction touristique. Difficile donc d’éviter les offices vedettes sans pour autant s’inviter dans un service très conservateur où les novices de mon espèce ne seraient pas forcément les bienvenus. (Peu au fait des questions religieuses car issue d’un mariage « mixte », je n’ai jamais assisté de ma vie à un office religieux. Pas même un mariage!)
J’ai donc, avant même notre départ, écumé les forums de voyageurs afin de dénicher la bonne adresse. Et mon choix s’ est finalement porté sur la plus ancienne église d’Harlem qui daterait de 1660: la Elmendorf Reformed Church! Vous trouverez ici plus de détails quant à son histoire. Autre particularité de cet endroit, l’office est tenue par une révérente, Rev. Patricia A. Singletary, qui avant d’être révérente fit une jolie carrière dans le monde de la Finance.
C’est donc avec un peu d’appréhension et surtout complètement frigorifiée que nous nous sommes présentés ce dimanche matin devant la porte du modeste bâtiment. La rue était complètement déserte, seulement balayée par des rafales de vent glacial lorsque qu’une personne nous a invité à rentrer nous réchauffer. Il avait l’air d’être ravi lorsque nous lui avons dit que nous étions français. Timidement, nous nous sommes installés plutôt vers le fond de la salle pour ne pas déranger les habitués. J’avoue avoir été l’espace de quelques minutes assez fière d’avoir trouvé une messe gospel où nous étions apparemment les bienvenus mais également les seuls touristes. Ma joie fut de courte durée puisque qu’en un rien de temps la salle s’est remplie de compatriotes. A tel point, qu’au début de l’office seules quatre dames d’un âge certain semblaient être déjà venues au moins une fois. Très déçue, surtout à la vue de personnes vautrées sur les bancs tenant à la main leur caméra et appareil photos, venues là sans le moindre respect, sans la moindre intention de participer à cette célébration.
Puis la messe à commencer … Et la magie a opérée! Première surprise, la messe a débuté par une tribune offerte à toutes et à tous afin de partager ses sentiments présents. Une dame nous a fait partager sa joie d’être à la retraite et un jeune homme a pu témoigner de l’amour qu’il éprouvait envers la femme qui était assise à sa droite et qu’il venait apparemment d’épouser. Je ne saurais vous dire exactement pourquoi j’ai trouvé cet instant magique, en dehors de toute considération religieuse. Peut être d’entendre enfin des personnes exprimer leur bonheur. La société dans laquelle nous vivons fait de nous des éternels insatisfaits, on nous encourage à vouloir toujours plus, à exiger toujours mieux! C’est ainsi que nous oublions toutes les bonnes choses de la vie (Ma reconversion à la retraite est toute trouvée 🙂 )
Après cet instant un peu déroutant, nous sommes rentrés dans le vif du sujet. Après avoir chanter un air à la gloire de Jésus (Pardonnez-moi si je fais quelques raccourcis incongrus, la messe est une nouveauté pour moi), nous avons assisté au sermon de la révérente, entrecoupé de « Amen » et d’autres commentaires plutôt énergiques de la part des habituées. Un véritable show, une déclamation parfaite aux intonations dignes des plus grands discours politiques de l’histoire! En somme, un véritable spectacle d’une rare intensité émotionnelle, même pour une non-croyante convaincue comme je le suis! Entre chaque partie de ce discours aux airs si convaincants, nous avons pu écouter quelques chants gospels d’un niveau plus que correct. Mon oreille très délicate n’a pu relever de faute de goût. La soliste avait une très belle voix, le chant des chœurs était d’une justesse infaillible, l’accompagnement savamment dosé et sans note à coté! La messe s’est terminée par une sorte d’incantation, sous forme d’une ritournelle chantée en boucle durant de longues minutes. Une dame s’est alors levée est à commencé à s’agiter, littéralement en transe. Bien loin de cet état d’excitation que l’on pourrait qualifier d’hystérique à première vue, je n’en menais pas large, plutôt émue par le spectacle auquel je venais d’assister. Je crois que je comprends cette femme, certes démonstrative mais sûrement bouleversée par ce moment de communion. Nous nous sommes tous quittés, sauf ceux qui avaient déjà déserté les lieux après avoir pris quelques photos, en nous serrant les uns les autres dans les bras. La révérente s’est postée à la sortie de la salle et nous a tous remercié un par un.
Je dois avouer que je suis sortie de cette expérience inédite un peu … déboussolée!
Ce dimanche s’est poursuivie par la visite d’un monument exceptionnel: La Cathédrale Saint-John The Divine. Vous allez me dire, encore une église! Je vous répondrai qu’il ne s’agit pas d’une cathédrale mais de LA cathédrale. En témoignent son histoire, ses dimensions records, sa construction inachevée …
Il s’agit bien de la plus grande cathédrale du monde. Elle arrive en effet en troisième position au rang des plus grands édifices religieux derrière la Basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro (Côte d’Ivoire) et la Basilique Saint-Pierre (Vatican) qui ne sont pas des cathédrales et qui lui permettent d’être la première de sa catégorie.
Les travaux ont débuté en 1892, le jour de la Saint-Jean sous la responsabilité de deux architectes George Lewis Heins et John LaFarge. Les premiers offices religieux eurent lieu dès 1899. Elle est encore bien loin d’être achevée et faute de moyen les travaux ont été stoppés. Visuellement c’est assez déstabilisant, mais on ne peut s’empêcher de s’extasier devant les dimensions titanesques de cet édifice.
Au final, ce dimanche restera comme le plus spirituel de ma jeune vie. Rendez-vous compte, assister à une messe et visiter un des plus grands édifices religieux au monde et tout cela en l’espace d’une matinée!